Rapport de la Cour des Comptes : Un soutien au bio “insuffisant”
Après des mois d’études, la Cour des Comptes publiait le 30 juin dernier un rapport historique de 350 pages sur l’Agriculture Biologique. La conclusion de ce rapport est sans appel : « L’action du Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire n’est pas en mesure de répondre aux ambitions affichées ».
Grâce au Plan Ambition 2022, le pays s’était fixé pour objectif 15% de terres agricoles cultivées en bio et 20% d’aliments bio au sein des cantines publiques à la fin de l’année 2022. A l’heure actuelle, les surfaces agricoles bio atteignent seulement 10% du total des terres cultivables françaises. Quant aux assiettes des cantines, elles ne contiennent à ce jour que 5 à 6% de produits labellisés AB.
L’Agriculture Biologique a de l’avenir
Malgré une forte croissance de la production bio depuis 2005, la consommation reste moindre. Le marché du bio recule et enregistre même une baisse de 1,6% en 2021. Pourtant, les avantages de l’Agriculture Biologique sont nombreux et avérés. Dans ce rapport, la Cour des Comptes a notamment rappelé l’influence positive de l’AB sur la santé, l’environnement, les sols, la qualité de l’air, le climat et la biodiversité. Elle observe également que l’AB « reste le meilleur moyen de réussir la transition agro-environnementale et d’entraîner les exploitations conventionnelles vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement ».
La politique de soutien à l’Agriculture Biologique reste néanmoins insuffisante
D’après Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, il faut d’urgence « amplifier les investissements en matière d’agriculture biologique ». Ce dernier déplore que les aides de la PAC (Politique Agricole Commune) consacrées à l’Agriculture Biologique ne soient pas à la hauteur des objectifs fixés.
Celui-ci met également en exergue les limites de la certification HVE (Haute Valeur Environnementale), pourtant soutenue par le Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. La prolifération de labels représente également une explication face au retard du bio sur ses objectifs. Pierre Moscovici met en cause les labels moins exigeants que le label AB ou l’Eurofeuille et dénonce un manque d’informations pour le consommateur.
Une communication grand public plus intense pourrait, selon lui, « contribuer à soutenir la demande ».
Les préconisations de la Cour des Comptes
Afin d’atteindre les nouveaux objectifs fixés par l’UE et la France, la Cour des Compte formule 12 recommandations selon 3 orientations :
- Eclairer les citoyens et les consommateurs sur l’impact environnemental et sanitaire de la filière issue de l’agriculture biologique;
- Réorienter les soutiens publics à l’agriculture au profit de la filière bio;
- Favoriser la création de valeur au sein de la filière issue de l’agriculture biologique.