Quel poisson choisir pour acheter durable ?

Quel poisson acheter pour acheter durable ? Lorsqu’on est cuisinier et qu’on souhaite acheter du poisson qui rentre dans les % de produits durables de la loi Egalim, on s’attache aux labels de pêche existants. Mais au-delà des labels il est important d’avoir en tête les risques de contamination liés à la pollution, ainsi que des enjeux environnementaux comme la surpêche et l’aquaculture.

La consommation de poisson en France

En moyenne, les Français consomment 22 kg de poisson par an. Le Plan National Nutrition Santé (PNNS) préconise deux portions de poisson par semaine, dont une portion de poisson gras. Les poissons gras, tels que le saumon, la sardine, le maquereau et le hareng, sont riches en oméga-3, des nutriments bénéfiques pour la santé cardiovasculaire et le développement du cerveau.

Les risques liés à la consommation de poisson

Malgré ces bienfaits, certains poissons peuvent être contaminés par des polluants environnementaux tels que le mercure, le plomb, le cadmium et les PCB (polychlorobiphényles). Ces substances peuvent s’accumuler dans l’organisme et avoir des effets néfastes sur la santé en cas de surconsommation. Les poissons gras comme l’anguille, la carpe ou le barbeau, sont particulièrement vulnérables à la contamination par les dioxines et les PCB. D’autre part, le méthylmercure, une forme toxique de mercure, est présent dans les poissons prédateurs sauvages comme le thon ou la dorade.

Pour minimiser les risques, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de consommer du poisson deux fois par semaine, en alternant les espèces et les lieux d’approvisionnement, et de limiter la consommation d’anguilles. Les femmes enceintes, allaitantes, ainsi que les enfants de moins de trois ans, doivent respecter des recommandations spécifiques en raison des risques pour le développement du système nerveux des bébés.

La surpêche et la dégradation des écosystèmes marins

La surpêche est une autre problématique majeure. Entre 31% et 70% des stocks de poissons sont surexploités suivant les études. Certaines techniques de pêche, telles que le chalutage de fond, sont particulièrement critiquées car elles sont destructrices pour les écosystèmes marins et ne sont pas sélectives, capturant des espèces non désirées.

L’aquaculture : une alternative problématique

L’aquaculture, ou élevage de poissons, est souvent présentée comme une solution à la surexploitation des stocks sauvages. Cependant, elle présente des inconvénients. Les poissons d’élevage sont nourris avec des farines animales à base de poissons sauvages, ce qui continue d’exercer une pression sur les écosystèmes marins. De plus, ces poissons sont souvent traités avec des antibiotiques et des antiparasitaires, qui finissent dans l’environnement et peuvent affecter la santé humaine. La pisciculture pollue également les mers en raison des déjections des poissons élevées en bassins.

La pêche durable : une solution pour préserver les océans

Depuis le 1er janvier 2024, la loi « Climat et Résilience » impose que 60 % des viandes et poissons servis dans la restauration collective proviennent de sources durables et de qualité. Ce taux est porté à 100 % dans les établissements publics d’État, une mesure visant à encourager l’achat de produits respectueux de l’environnement. La pêche durable se définit comme une pêche qui répond aux besoins actuels tout en préservant les ressources pour les générations futures. Elle repose sur des principes écologiques et scientifiques qui garantissent la reproduction des stocks de poissons et la régénération des écosystèmes marins. Elle inclut des méthodes de pêche sélectives pour ne capturer que le poisson nécessaire et exclut les techniques destructrices comme le chalutage de fond. Une pêche durable doit également respecter des quotas, les saisons de pêche et les avis scientifiques pour éviter la surexploitation des espèces. De plus, elle doit assurer une traçabilité complète du poisson, depuis la zone de capture jusqu’à sa mise en vente.

Les labels de qualité et la certification des produits de la mer

Il existe plusieurs labels qui certifient les produits de la mer durables. Parmi eux, le label bio européen s’applique à l’aquaculture, garantissant une production respectueuse de l’environnement et sans recours aux hormones.

Le label « Pêche durable », lancé par le ministère de la Transition écologique, certifie que les pratiques de pêche respectent des normes environnementales, économiques et sociales. Cependant, ce label reste encore peu répandu en France.

Le Marine Stewardship Council (MSC) est un autre label international reconnu, qui lutte contre la surpêche. Il certifie que la pêcherie respecte trois principes : des stocks de poissons durables, un impact environnemental minimisé et une gestion efficace des pêcheries. Toutefois, ce label est parfois critiqué par les associations écologistes pour avoir certifié des pêcheries opérant dans des zones surexploitées.

Les produits à privilégier et à éviter

Les consommateurs peuvent faire des choix éclairés en matière de poisson en se basant sur des recommandations comme celles de l’UFC-Que Choisir et du WWF, qui publient des listes de poissons à privilégier ou à éviter en fonction de leur disponibilité, de la méthode de pêche utilisée, et de la présence de polluants.

  • A privilégier : Les espèces comme le chinchard, le hareng, le maquereau ou le saumon bio sont souvent abondantes et leur pêche a un faible impact sur les écosystèmes.
  • À faire attention : Certaines espèces comme le cabillaud, le bar ou les coquilles Saint-Jacques doivent être consommées de manière modérée, en tenant compte de leur saisonnalité et de la méthode de capture.
  • À éviter : Les espèces menacées comme l’anguille, le thon rouge ou les crevettes d’élevage intensif présentent des risques pour la durabilité des océans et peuvent contenir des niveaux élevés de polluants.

Des conseils pour un choix responsable

Pour consommer du poisson de manière responsable, il est conseillé de privilégier des circuits courts, en achetant des poissons frais directement auprès des pêcheurs locaux. L’association « Pleine Mer » propose une carte interactive pour identifier les points de vente directe. De plus, il est important de respecter la saisonnalité des espèces, en consommant des poissons comme la sardine en été, le maquereau au printemps, et le lieu en automne.

En résumé, consommer du poisson tout en respectant la santé et l’environnement nécessite de faire des choix éclairés, en se tournant vers des produits certifiés, en diversifiant les espèces consommées, et en évitant les poissons surexploités ou contaminés par des polluants. Le développement de la pêche durable et la montée en puissance des labels de qualité offrent des pistes prometteuses pour préserver les ressources marines tout en répondant aux besoins alimentaires de la population.

Partager cet articleShare on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
Linkedin